RÉSISTANCE OLFACTIVE
publié le 3 janvier 2023EXPOSITION GRAPHIQUE & OLFACTIVE
Manon Chesnel, étudiante en troisième année de DNMADE (Diplôme National des Métiers d’Art et du Design) en Design Graphique au Lycée des Arènes à Toulouse, nous a contacté pour la réalisation de son mémoire sur l’odeur et les possibilités de son insertion au sein du graphisme.
Elle souhaitait diriger son projet de mémoire vers la réalisation d’une exposition pouvant s’adapter aux espaces culturels publics, tels que les musées, et évoquer une période historique à travers l’odeur.
Le sujet qu’elle a déterminé était Toulouse sous l’occupation allemande, durant la Seconde Guerre Mondiale.
Nous avons accompagné Manon dans la création de senteurs spécifiques reliées à la période historique mentionnée au travers de trois personnes de la résistance toulousaine : Angèle, Marise & Jean-Pierre.
PARFUMS DE RÉSISTANTS
Voici les personnages et leurs senteurs :
Angèle Del Rio Bettini : exilée espagnole, à 18 ans, elle organise avec 6 amis le premier acte de résistance à Toulouse en lâchant des tracts sur le cortège du maréchal Pétain qui passait rue Alsace Lorraine.
- Aqua lavanda de Puig: Eau de cologne aux senteurs de lavande créée dans les années 30 par l’entreprise catalane. Un grand succès à l’époque et un parfum aussi bien porté par les hommes ou les femmes.
- Tabac brun : Angèle était toujours décrite une cigarette à la bouche. A cette époque, il s’avère que le tabac brun était omniprésent et fumé alors que le tabac blond n’a été commercialisé des États-Unis qu’à la fin de la Seconde Guerre Mondiale. Les marques principales fumées en France étaient les Gauloises, les Celtiques, les Élégantes…
- Bouillon Kub : « Quelques jours avant, le groupe a confectionné un système pour ne pas se faire attraper. Une sorte de tapette à rat sur laquelle sont posés les tracts. Le ressort est lesté par une boîte de bouillon Kub remplie d’eau. Cette dernière, percée d’un petit trou, se vide lentement. Une fois vide, le ressort est libéré et projette des centaines de tracts dans les airs. »
Marise Crémieux-Hurstel : jeune fille juive qui s’est caché de maisons en maisons avec sa famille lors de l’Occupation et qui a tenu un journal qui a aujourd’hui été publié.
- Œillets d’Inde : Marise explique dans son journal qu’elle se souvient de la première maison où elle s’est cachée à travers l’odeur de ces fleurs : « Par contre, les massifs d’œillets d’Inde qui bordent l’allée du jardin sont en fleurs et leur odeur m’enchante… Moi qui n’aimais pas les œillets, je change de goût !«
- Réglisse: Marise raconte le crash d’un avion anglais dans le jardin voisin. Elle rencontre ensuite secrètement le parachutiste et lui donne ce qu’elle a dans sa poche : du réglisse….
Jean-Pierre Vernant :
Étudiant à la Sorbonne, Jean-Pierre Vernant s’engage par antifascisme dans les Jeunesses Communistes. Reçu premier à l’agrégation de philosophie en 1937, il est mobilisé dans l’infanterie en 1939. Démobilisé en août 1940 alors qu’il se trouve à Narbonne avec son frère, Vernant s’engage immédiatement contre Vichy : équipés d’une petite imprimerie portative, les deux frères diffusent des tracts appelant à la résistance. Nommé professeur de philosophie au Lycée de Garçons de Toulouse, il rencontre Raymond Badiou et Ignace Meyerson,deux enseignants avec lesquels il va fréquenter les cercles de réflexion antifascistes animés par les intellectuels comme Georges Friedmann, Vladimir Jankélévitch, Paul Dottin, Raymond Naves ou Jeanne Modigliani. Il rejoint le mouvement Libération-Sud et, après l’invasion de la zone Sud en novembre 1942, prend la tête de l’Armée Secrète dans le département. Il y organise le transport des armes et du matériel, les opérations de sabotage, les neutralisations d’agents au service de la Gestapo, et la récupération de renseignements. En octobre 1943, il échappe de peu à une opération de la police de Vichy au quartier général de l’Armée Secrète, dans le quartier Saint-Aubin. Il parvient à faire libérer ses camarades de la Centrale d’Eysses en janvier 1944. En mai 1944, Jean-Pierre Vernant dit «Berthier» prend le commandement des FFI en Haute- Garonne. Il poursuit cette intense activité clandestine en assumant son poste de professeur, et ce n’est que contraint par la menace d’une arrestation, qu’il entre dans une totale clandestinité en mai 1944. Aux côtés du colonel Serge Ravanel, il élabore les plans de l’insurrection de Toulouse, menant à la libération de la ville les 19 et 20 août 1944. Il réussit notamment à faire passer toute la gendarmerie locale dans les rangs de la Résistance.
- Poudre d’arme à feu : pour évoquer les missions auxquelles il participait.
- Craie : Afin de rappeler qu’en parallèle de ses activités de résistance, il menait une double-vie en continuant à exercer normalement en tant que professeur.
- Garrigue : Terrain acide et calcaire de la région méditerranéenne ; végétation broussailleuse qui couvre ce terrain.
L’exposition faisait référence au travail de la photographe toulousaine Germaine Chaumel