ORGUES A PARFUMS & PARFUMS D’ORGUES
publié le 14 octobre 2021Conférence olfactive & sonore
Lors du 26 ème festival Toulouse les Orgues, le dimanche 10 octobre 2021, à l’Eglise de Gesu, nous avons eu l’occasion de présenter une conférence olfactive et sonore à deux voix (organum) avec Yves Rechsteiner, organiste émérite et directeur artistique de l’association.
Design air
A cette occasion, comme cortège, nous avons parfumé “la rue des Fleurs” qui mène jusqu’à l’Église de Gesu et son hall des fleurs, de volutes florales et narcotiques, hommage au bicentenaire de la naissance (9 avril 1821 ) du poète synesthésique des “Fleurs du Mal”, Charles Baudelaire qui continue d’inspirer OSMOART.
Parfumer la rue avec des fleurs
Correspondances
La Nature est un temple où de vivants piliers
Laissent parfois sortir de confuses paroles ;
L’homme y passe à travers des forêts de symboles
Qui l’observent avec des regards familiers.
Comme de longs échos qui de loin se confondent
Dans une ténébreuse et profonde unité,
Vaste comme la nuit et comme la clarté,
Les parfums, les couleurs et les sons se répondent.
II est des parfums frais comme des chairs d’enfants,
Doux comme les hautbois, verts comme les prairies,
– Et d’autres, corrompus, riches et triomphants,
Ayant l’expansion des choses infinies,
Comme l’ambre, le musc, le benjoin et l’encens,
Qui chantent les transports de l’esprit et des sens.
Notes olfactives
Dès l’entrée du public dans le lieu et sur un jeu d’orgue improvisé par Yves Rechsteiner , environ 80 personnes au rendez-vous de ce dimanche matin reçurent une première touche de parfumeur avant de s’assoir pour l’écoute de la conférence, dont vous trouverez ici un extrait de sa conduite :
« …Les touches de parfumerie sont également appelées agréablement, dans le vocabulaire du parfumeur, les clés de l’odorat.
Les touches sont le support et l’émetteur du son pour un musicien …elles sont le support et l’émetteur de l’odeur pour le parfumeur.
Le parfumeur sent sert pour évaluer aussi bien des matières olfactives que ses essais.
Cette première touche était une odeur d’encens, plus précisément d’huile essentielle d’oliban.
Cette huile essentielle est un matériau pour le compositeur olfactif qui est extrait par distillation à partir de la résine du Boswellia sacra.
Il y a de nombreuses facettes dans cette odeur : fusante, hespéridée, citronnée, légèrement verveine, terpénique, résineuse et terpénique comme la sève des pins, aldéhydée, boisée, poudrée.
Elle contient plusieurs molécules, plusieurs notes, elle est poly-osmique comme on peut parler de polyphonie instrumentale.
Cette senteur est universelle, elle est connue sous le nom générique d’encens.
Au travers de cette gomme-résine, l’histoire de la parfumerie s’est inscrite.
L’origine du mot parfum provient de la forme latine « per fumum », littéralement « par la fumée », suite aux usages traditionnels et anciens des fumigations.
Cette matière mystique transcrit son usage du sacré au profane dans l’histoire du parfum, comme celle de l’homme.
Elle inspire le nez-créateur et transperce de sa senteur universelle les croyances humaines.
L’encens est de tous cultes, il est de toutes cultures.
L’odeur est intimement liée à la mémoire.
Cette senteur me rappelle le souvenir d’odorisation durant le concert d’Alain Bashung au Bataclan en 2005 de la chanson le “Cantique des Cantiques”, chanté avec sa femme).
Elle me rappelle aussi un voyage à Djibouti où je m’initie à la cérémonie éthiopienne du café dans laquelle on fait brûler de l’encens lors de sa préparation sur un tapis d’herbes vertes… »